Fabien Lemoine explique comment se relever d'une grave blessure

27.01.2019

Écrit par Clément

A travers son témoignage poignant, l'actuel capitaine du FC Lorient, Fabien Lemoine, victime d'une ablation d'un rein en août 2010 lorsqu'il portait les couleurs du Stade Rennais, explique comment il a repoussé ses limites pour retrouver les terrains de Ligue 1 quatre mois plus tard.

Le 14 août 2010, la carrière de Fabien Lemoine aurait pu s'arrêter brusquement. À la 18eme minute du match Nancy-Rennes (0-3, 2eme journée de L1 2010/11), le milieu de terrain rennais s'écroule suite à un choc avec le Nancéien Reynald Lemaître. "À ce moment-là, j'ai tout de suite eu le souffle coupé, confie Fabien Lemoine à Unisport. J'ai commencé à paniquer parce que je n'arrivais plus à respirer. Je me suis même dit : "je vais y rester"". Fabien Lemoine est évacué au vestiaire. Rapidement, il réalise que sa blessure n'est pas commune. "Le médecin de Rennes m'a palpé le ventre et m'a dit : "c'est grave", se remémore l'actuel capitaine de Lorient. Ensuite, j'ai tout de suite été transféré à l'hôpital de Nancy. Je souffrais beaucoup". Le soir-même, le docteur lui annonce une fracture du rein, une indisponibilité d'un an et l'obligation d'être alité. "C'est comme s'il m'avait annoncé ma fin de carrière", se remémore-t-il.

Cinq jours plus tard, l'opération est obligatoire. Vitale. L'équipe médicale lui retire le rein fracturé. Mais une autre mauvaise nouvelle tombe. "Sur le chemin de l'opération, j'ai absorbé un germe. Je me suis retrouvé avec une pneumopathie bilatérale. J'avais un masque à oxygène en permanence et la sensation horrible d'avoir la bouche asséchée. Je ne pouvais ni boire ni manger pendant des jours. J'étais figé sur un lit", se souvient Fabien Lemoine, qui fait ses premiers pas deux semaines plus tard. Septembre 2010, première étape d'une longue convalescence : son retour à Rennes est validé.

Pourtant, à son retour en Bretagne, Fabien Lemoine, 23 ans à l'époque, envisage de mettre un terme à sa carrière. "Je voulais prendre aucun risque pour ma santé, confie-t-il dans un premier temps. Puis j'ai commencé à regarder des matchs et je suis retourné au centre d'entraînement pour voir mes coéquipiers. Ça m'a fait du bien. Ma réflexion a mûri et je me suis dit : "tu as travaillé dur pour vivre de ta passion, tu ne peux pas t'arrêter là, tu as encore de belles années devant toi"". En plus, ce genre d'accident n'arrive jamais sur un terrain de football et il faudrait être un sacré poissard pour le subir deux fois." C'est à ce moment-là que Fabien Lemoine fixe le cap : le retour en L1. Sans fixer une date de retour. Sans brûler les étapes. Deux mois après sa blessure, il effectue sa première sortie à vélo avec le docteur du Stade Rennais. "Au bout de dix minutes, on a fait demi-tour, raconte-t-il. Je n'avais plus de force. Puis petit à petit, on a augmenté le volume des séances. Ensuite, j'ai refait une préparation athlétique comme si je démarrais une nouvelle saison".

"Mon premier conseil est de savoir écouter son corps. Parfois, il vaut mieux prendre une semaine de convalescence en plus plutôt que reprendre trop vite et rechuter"

Fabien Lemoine fait son grand retour à l'entraînement avec l'équipe première trois mois et demi plus tard et intègre le groupe pour le dernier match de l'année 2010, Rennes-Valenciennes (1-0, 18eme journée). "En deuxième mi-temps, Frédéric Antonetti m'a demandé d'aller m'échauffer. A la 90eme minute, il s'est retourné vers moi : "allez Fabien hop, c'est parti". En dix secondes, j'étais prêt. A mon entrée, le Roazhon Park m'a acclamé. C'était encore plus magique que mon premier match en pro". La suite le sera davantage. 93eme minute, corner pour Rennes : Fabien Lemoine le tire mais la défense valenciennoise repousse. Nouveau corner. Fabien Lemoine dépose le ballon sur la tête de Jean-Armel Kana-Biyik qui fait trembler les filets de Valenciennes. "Je ne pouvais pas rêver mieux pour un retour. C'était parfait juste avant les fêtes de Noël", se souvient-il.

Neuf ans après sa grave blessure, Fabien Lemoine n'oublie pas les ingrédients qui lui ont permis de revenir rapidement et espère que son témoignage aidera les joueurs blessés. "Il faut tout d'abord savoir écouter son corps. Parfois, il vaut mieux prendre une semaine de convalescence en plus plutôt que reprendre trop vite et rechuter, conseille Fabien Lemoine. Tant que rien n'est fini, il faut se battre, rester positif et se fixer des objectifs à court-terme pour ne pas se miner le moral". Un moral de fer qui lui a permis de rebondir à Saint-Etienne puis à Lorient où il est aujourd'hui le capitaine emblématique des Merlus.

Credit photo : Bruno Perrel © FC Lorient