Chassé-croisé avec Robert Pirès: entretien exclusif avec le champion du monde 98

03.03.2019

Écrit par Arthur

Unisport a eu la chance de rencontrer Robert Pirès. Entre pointe d'humour et professionnalisme, l'ancien numéro 7 de l'équipe de France nous dévoile ses secrets. Découvrez notre entretien exclusif.

Nous sommes allés à la rencontre de l'ancien international français et figure emblématique d'Arsenal, Robert Pirès. C'est aux Caillols, un quartier situé à l'ouest de Marseille, que nous avons pu rencontrer le champion du monde 98.

Robert, on te retrouve ici à Marseille, la ville où tu as marqué ton premier but en D1 avec Metz (ndlr : saison 1993/94). Qu'est-ce que cela te rappelle ?

Que des bons souvenirs, on savait que ça serait difficile, c'est toujours compliqué de venir jouer à Marseille et surtout de venir gagner. Tout s'est bien passé, on a gagné 3-0 et en plus j'ai inscrit mon premier but en pro. C'est toujours particulier car c'était au Vélodrome, à Marseille.

À quel moment ta carrière a pris de l'ampleur ? Est-ce que le titre de champion du monde 98 a pu t'aider à franchir un nouveau palier ?

Je ne pense pas qu'il y ait un événement en particulier mais c'est plutôt l'accumulation des bonnes saisons que j'ai pu faire avec Metz. On m'a fait confiance alors que je n'avais que 18 ans, l'âge où j'ai signé mon premier contrat pro. Ensuite, il y a effectivement eu le titre de champion du monde avec la France, deux ans après, on est champion d'Europe. Entre temps, je signe à l'OM (ndlr : à l'été 1998), après je signe à Arsenal (en 2000). Mon évolution a été progressive, j'ai pu rencontrer des entraîneurs qui m'ont fait confiance et à force de travail, on arrive à atteindre un certain niveau.

Le plus important a toujours été le respect

En parlant des entraîneurs qui t'ont fait progresser, tu peux nous en dire davantage sur le célèbre "muscle ton jeu" d'Aimé Jacquet ?

(Rires) Ça me fait rire car 20 ans après on m'en parle encore. Les supporters que je croise me demandent si j'ai finalement musclé mon jeu. C'est une phrase qui va rester et au contraire, elle ne me gêne pas. Elle a inspiré des entraîneurs et même des publicités donc il faut remercier Aimé Jacquet directement ! Je ne sais pas pourquoi il a dit ça ce jour-là, en tous cas c'est tombé sur moi et 20 ans après on en parle encore.

Qu'est-ce que le football t'a apporté en tant qu'homme ?

Le respect. C'était vraiment important pour moi de respecter les autres, les joueurs, l'arbitre, l'entraîneur. Parfois, on n'est pas content mais c'est surtout le respect qui m'a beaucoup aidé et apporté. Le plus important a toujours été le respect, de par l'éducation que j'ai reçue mais aussi grâce au football qui me l'a apporté encore plus.

Les entraîneurs ont toujours cru en mes qualités

Tu as fini ta carrière à 42 ans, au FC Goa en Inde. Quels sont tes conseils pour pouvoir durer dans le football ?

Le mental déjà, qui est très important dans le football. Le fait d'avoir pu jouer deux ans à Marseille, j'ai appris mentalement mais j'ai aussi subi, ça n'a pas été facile tous les jours, surtout ma deuxième saison. Mais ça forge ton caractère et ton mental. Je le dis encore aujourd'hui aux jeunes, la clé c'est le travail, c'est ce qui fait la différence. Si l'on regarde mon parcours, tout cela a été possible grâce aux entraîneurs que j'ai côtoyés. Si tes entraîneurs croient en toi, tirent le meilleur de toi-même et te permettent de te développer et de progresser sur le terrain, tu vas beaucoup jouer. Mais si tu tombes sur un entraîneur qui n'aime pas ton jeu, qui ne te fait pas confiance, tu iras sur le banc, on ne parlera plus de toi et les clubs ne seront pas ou plus intéressés. De mon côté, si j'ai pu jouer pendant 19 ans au haut niveau, c'est que les entraîneurs ont toujours cru en mes qualités.

As-tu un conseil pour être un bon milieu ?

La plupart des jeunes sont focalisés sur des joueurs tels que Messi ou Cristiano Ronaldo mais je pense que pour ceux qui aiment le vrai football, Iniesta a toutes les qualités requises pour jouer au milieu du terrain. Il est complet et a le sens du jeu. Il est capable de porter une équipe à lui tout seul. Je dis même à mon fils de le regarder jouer (rires).

Nous ne pouvions pas partir sans te poser une dernière question. Robert, tu es plutôt : Chenille Messine ou dab à la Pogba ?

Chenille Messine, obligé (fou rire) !